Un nouvel arrivant.

(il était temps, hein ?)

Herbek observa les alentours, plus que sceptique. Il se rappelait avoir pousser la porte du pub, et être tombé dans quelque chose d'humide, il hésitait entre une flaque d'eau à l'extérieure de l'établissement ou une flaque de bile régurgitée, à l'intérieur. Quoi qu'il en soit, il n'avait aucun souvenir de la façon dont il était arrivé ici, ni même d'avoir voulu y aller. Il se pinça l'arrête du nez, croyant à un délire du à une drogue quelconque, et ferma les yeux, inspirant lentement. Ce n'est qu'en rouvrant les yeux qu'il remarqua enfin les passants qui l'observaient, consternés ou surpris. Bien que certains avaient l'air vaguement humain, la plupart semblaient sortis de vieux films de science fiction ou d'horreur. Il farfouilla ses poches à la recherche de son paquet de cigarettes, toutes trempées et inutilisables, suite à sa chute dans le liquide non identifié. Il soupira et grogna.

Cette fois c'est clair, je suis en Enfer.

Puis il passa une main dans ses cheveux, remettant le paquet de cigarettes en place dans ses poches et s'approcha de la personne la plus proche de lui. Il se força à sourire et lança, à la bonne franquette.

- Hey, mon pote...t'aurais pas des clopes ? Ou une bière ? Ou un plan du coin ?

Voyant le visage de son interlocuteur, il comprit que de toute évidence on ne le comprenait pas. Il fit signe au type de laisser tomber et chercha un pub du regard, n'en trouvant aucun il s'assit par terre, attendant de comprendre ce qui lui était arrivé, en sifflotant afin de masquer l'angoisse qui grandissait en lui.

De plus en plus, incrédule par le curieux comportement de cet étrange Nouveau Colon, de nombreux Colons se pressérent autour du Katiik pour l'observaient et pour contemplaient la drôle de chicha qu'il était en train de fumer... C'était beaucoup plus petit... Beaucoup plus cylindrique... Ca fumait tout autant... Mais ça puait! Pouah! Quelques Colons se mirent à tousser et croyant à une nouvelle invention de Sidas, ils s'en allérent, gromelant des propos peu aimants.

Mais l'attente, dans l'ensemble, ne fut pas trés longue pour Herbek car, assez vite, un petit homme barbu et chauve descendit en courant les escaliers du Palais, juste derriére le Katiik, et vint à la rencontre du Nouveau Colon.

La premiére pensée du fonctionnaire fut: "C'est quoi c'te truc encore?" (et ce, en zadirien, bien naturellement) mais son visage rempli de joie et de bonne humeur traduisait le contraire de ses idées mentales peu châleureuses.
Il ouvrit en grand ses bras, lui expliquant à travers de signes, se que le petit panneau gravé, le Katiik et eux deux devaient faire. Et dés que son monologue gestuel fut terminé, il ouvrit le chemin priant, d'un mouvement de la main, que le Nouveau Colon le suive.

Ainsi, le Fonctionnaire en bon fonctionnaire qui se respecte, réalisa la tâche qu'on lui avait donné de faire depuis 20 ans déjà.

Il conduisit le Nouveau Colon dans son bureau administratif, trés administratif et trés ordonné, et tira d'un des multiples tirroirs qui composaient son petit bureau en bois, une fiche cartonnée sur laquelle figurait un tableau avec des gravures sur sa droite.

La fiche demandait au Nouveau Colon plusieurs informations tel que le nom, le monde d'appartenance, le sexe etc...
Naturellement, tout était expliqué au travers de dessins fournis avec la fiche à remplir et par les signes que le Fonctionnaire donnait au besoin.

Aussi, en bas de la page, était demandé si le Nouveau Colon souhaitait suivre des cours de remises à niveau linguistiques et/ou culturelles.

De maniére trés professionnelle et habituée aussi, il faut bien l'avouer, le Fonctionnaire vérifia que toutes les catégories avaient été remplies et remarqua que les cases concernant les remises à niveau avaient été cochées.

- Key.... Key... Key...

Il posa la fiche sur son bureau bien rangé et pria Herbek de le suivre jusqu'à une salle un peu à part des autres piéces du palais.

L'endroit était un peu sale, sombre et le seul meuble qui la composait aurait pu être comparé à aux photomatons de notre monde terrien.

Sans prononcé de parole particuliére, le Fonctionnaire tira le rideau miteux du "photomaton" zadirien et invita le nouveau colon à s'asseoir sur le ridicule petit tabouret qui était installé à l'intérieur. Une sorte d'écran éteind et bombé était fixé sur la cloison en face du siége. Rien d'autre. Peut-être seulement, en plus, une espéce de petite araignée que le Fonctionnaire se dépêcha d'écrabouiller du plat de sa main.

- Yurk...

Aprés s'être machinalement essuyé la main sur son uniforme professionnel, le petit chauve au service de Zadir se plaça sur le côté de la machine et dut faire des programmations et/ou appuyer sur des boutons car bientôt, tout le "photomaton" se mit à trembler dans un sourd bruit de mécanisme.

Les cours linguistiques pouvaient débuter.

Dés lors, tout alla trés bien vite...
Le petit écran s'alluma et exposa, dans une musique triomphante, le trés connu sur l'île le fameux (en langue originale s'il vous plait):


Tout le petit écran tremblait et le blanc-jaunâtre et le noir des images avaient du mal à tenir en place.

Une premiére phrase apparut et, derriére, la voix d'une femme (belle, jeune et souriante probablement) paraissait la lire avec lenteur tout en articulant bien pour se faire comprendre.
Exercice linguistique de base en somme.
Répétition, lecture, décryptage des mots etc...

A la fin de récitation de la premiére (et derniére) phrase par l'agréable voix de la probable jolie demoiselle, la lumiére du "photomaton" s'éteigna en même temps que l'écran. La machine continuait de tourner cependant mais son fonctionnement paraissait plus sinistre néanmoins.

Le grand calme malsain continua jusqu'à se que de puissants, solides et indestructribles liens viennent attacher et maintenir assis le Nouveau Colon. Sa tête était également tenue droite.
Et le Fonctionnaire ne paraissait ne rien avoir remarqué.

Tout de suite aprés, un rayon rouge parcourut le corps d'Herbeck de long en large pour ensuite, céder son inquiêtant rôle à une paire d'écarteurs qui se positionnérent au niveau des yeux d'Herbek et le forcérent à garder ses yeux grands ouverts.

A nouveau, l'écran se ralluma remontrant la premiére image:

"Zadir Production présente:"
"Le Zadirien en 10 minutes."

Le cours linguistique allait commencer.

Ce fut comme une sorte de bourrage de crâne intensif et forcé que le Nouveau Colon était en train de vivre.
Un défilement permanent de sons, d'images, de photos, de mots, de grammaire, de syntaxe etc... parcourait l'écran sans interuption.
Personne n'aurait pu résister. Personne.

La lumiére se ralluma avec le visage souriant du Fonctionnaire qui avait tiré le rideau et avait, comme fait fuir, les laniéres qui avaient retenus pendant 10 minutes trés précisément, Herbek.

- Vous allez bien?

Rien que cette phrase aurait donné la migraine et fait baver n'importe qui.

Dublin? Clopes? Quoi? Kézako?
Le Fonctionnaire n'avait pas l'air de tout bien comprendre...

- Euh... Je ne crois pas, non.

Se grattant la tête avec un air de totale incrédulité, il sortit de sa veste de fonctionnaire une bourse qui contenait visiblement, un peu d'argent local.
Il la lui tendit.

- Tenez, voici un peu d'argent. Aprés se que vous venez de vivre, vous avez besoin de repos...

Il recommença à farfouiller dans ses poches et en sortit une petite carte qu'il lui tendit.
Une adresse était inscrite dessus:


- Là comme ailleurs, beaucoup de lits sont à la disposition d'êtres dans votre situation. Allez-y, reposez-vous et si vous voulez que je réponde à vos questions, revenez me voir. Je ne vous force en rien.

- Du calme! Du calme!

Le Fonctionnaire, en bon fonctionnaire, avait l'habitude de ce genre de situation dans lesquelles, l'intéressé n'obtenait pas un service à la hauteur.

- Ca ne sert à rien de vous énervez... De toutes maniéres, vue dans quel état de fatigue vous devez être, vous n'assimilerez rien de se que je vous raconterais.

Visiblement, ça ne servait à rien.

- Pour de se qui est de vos... "clopes", on pourra s'arranger. Pour se qui est du reste, je vous expliquerai tout. Mais patience.

Et sur ces paroles, le Fonctionnaire, poussa littéralement le Nouveau Colon hors de la salle et s'en alla, sans se retourner dans son petit bureau administratif dans lequel il s'enferma pour avoir la paix.